Les gorges
gorges du tarn & de la jonte
Les étendues arides des Grands Causses disparaissent soudain sous nos pas, englouties par les courants, remous et tourbillons, happées, rongées, vaincues par la puissance de l’élément liquide : nous abordons les gorges du Tarn.
Un long ruban scintillant sinue, enchâssé entre les parois rocheuses des falaises : la rivière creuse opiniâtrement son chemin entre les masses calcaires.
Dans la fraîcheur des gorges aux eaux turquoises, l’on aperçoit les silhouettes de pierres imposantes et fantasmagoriques qui ourlent le plateau du Méjean. Barbes de mousse coulant des branches, frisant les troncs et les roches, parois où s’unissent en parfaite symbiose racines ou rameaux, rivière qui se dévoile dans les trouées de la végétation : tel est le cadre qui enveloppe le randonneur.
Le parcours de l’eau, calme ici, peut être agité là, et l’onde conte encore, à qui sait écouter, la légende de sainte Énimie qui vainquit le Drac, le diable, au Pas de Soucy. Il est là, prisonnier des roches, dans le gouffre qui murmure : « Ce pas est le Pas de Soucy. Sachez cela, jeune fillette ! À la Vierge dites merci, et n’y passez jamais seulette ! »
On croise également d’autres gorges, plus rudes, plus sauvages. La Jonte a ciselé ici de telles sculptures, créé de tels horizons, que l’on voudrait être vautour comme ceux qui nichent sur ses falaises, entre l’eau et le ciel. On s’éloigne du fil de l’eau pour remonter vers le causse en passant triomphalement sous les Arcs de Saint-Pierre.
Photos : Charles Dauban