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Le cycle de Guillaume d’Orange

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Les enfances Guillaume

La chanson des Enfances Guillaume narre une première rencontre et même une première idylle entre Guillaume et Orable. Il s’agit de toute évidence d’une « suite rétrospective », écrite après les autres chansons du cycle.

Alors que le jeune Guillaume, fils d’Aymeri de Narbonne, vient de quitter sa ville natale et fait route vers Paris où Charlemagne l’a fait mander à sa cour, le roi païen Thibaut se dirige vers Orange dont il doit épouser la souveraine, la princesse sarrasine Orable. Guillaume intercepte les ambassadeurs qui reviennent d’Orange, les déconfit et s’empare du cheval Baucent, que la jeune femme adressait en cadeau à Thibaut. Le héros tombe amoureux de la Sarrasine sur sa réputation de beauté, tandis qu’elle-même, sensible à l’exploit qu’il vient d’accomplir, nourrit un sentiment analogue à son égard. Elle le sauve d’une embuscade en lui faisant passer un message, et lui promet, sans l’avoir encore jamais vu, de devenir chrétienne et de l’épouser. Mais Thibaut précipite ses noces. Orable, usant de ses pouvoirs de magicienne, déclenche alors les « jeux d’Orange » : elle fait successivement apparaître des chasseurs, des truands, une procession de moines et des fauves qui sèment la panique parmi les invités, avant que Thibaut ne soit lui-même transformé pour la nuit en une petite boule d’or inoffensive. Elle parvient ainsi à préserver sa virginité pour celui qu’elle aime. Orable ayant tout prévu, son mari, ignorant de ce dernier enchantement, repartira le lendemain persuadé d’avoir passé une excellente nuit de noces !

Guillaume poursuit sa route vers la cour royale, où il fait immédiatement preuve de sa vaillance. Son exploit face à un Breton insolent venu provoquer les chevaliers de l’empereur décide Charlemagne à adouber immédiatement notre héros. Apprenant que Narbonne est assiégée par Thibaut, Guillaume repart en hâte la délivrer et réinstalle ses parents dans leur fief.

Le couronnement de louis

Après avoir installé le très jeune Louis sur le trône, Guillaume défend le royaume contre ses ennemis, qu’ils soient de l’intérieur (rebelles) ou de l’extérieur, tout en affirmant la solidarité entre l’empereur et le pape. À la fin de l’œuvre, la pacification est totalement réalisée.

L’empereur Charlemagne se fait vieux … Il décide de faire couronner son fils Louis, mais le jeune héritier, encore adolescent, prend peur devant les hautes responsabilités qui l’attendent et manque de se faire ravir la couronne par un baron félon, Arnéis d’Orléans. Guillaume arrive juste à temps pour sauver la situation : il assomme le baron, qui meurt – malencontreusement – de ce coup fatal. Dès lors, la relation qui unira le souverain à son vassal est scellée : Louis restera irrémédiablement faible et Guillaume suppléera continuellement ses carences.

Guillaume se rend ensuite à Rome, où le pape est menacé par les Sarrasins. Un combat entre champions doit décider du sort de la guerre. Guillaume relève le défi du géant Corsolt et le tue après un duel acharné au cours duquel son adversaire lui tranche l’extrémité du nez : c’est ainsi que Guillaume acquiert son surnom de marquis « au court nez ».

Mais Charlemagne vient de mourir … Guillaume doit rentrer en France pour défendre le jeune Louis menacé par la rébellion de certains vassaux. Notre héros, qui finit par pacifier le royaume, est résolu à consacrer les forces de sa jeunesse au service du roi-empereur, Louis. Le dernier vers de la chanson annonce cependant l’ingratitude de Louis : Quant il fu riches Guillelme n’en sot gré (« Plus tard, puissant, il n’en sut nul gré à Guillaume »).

Le couronnement de Louis (enluminure illustrant un manuscrit médiéval de la chanson de geste Le couronnement de Louis)

Le charroi de Nîmes

Le pouvoir de Louis enfin consolidé, Guillaume peut se consacrer à l’édification de son propre domaine. Le Charroi de Nîmes narre la première étape de cette irrésistible ascension.

La première partie de la chanson se déroule à la cour de Louis : Guillaume, de retour de chasse, découvre que le roi est en train de l’oublier dans la distribution de fiefs à laquelle il est en train de procéder. Le plus fidèle soutien du roi manifeste alors son amertume et sa colère. Mais il refuse tout fief dont il dépossèderait une veuve ou un orphelin. Il demande alors au roi de lui accorder d’aller se tailler une terre en pays sarrasin : le roi indolent proteste qu’il ne peut la lui donner. Il accepte finalement de mauvais gré et promet une aide limitée : Guillaume ne pourra exiger de lui plus d’un secours tous les sept ans.

La seconde partie relate la conquête de Nîmes, ville sarrasine atteinte en suivant le chemin de Régordane. C’est l’occasion pour Guillaume de faire valoir des talents qui ne vont pas de soi chez les héros épiques médiévaux, en particulier le goût du déguisement et de la ruse. La ville est en effet prise grâce à une ruse évoquant celle du cheval de Troie : Guillaume et ses proches se déguisent en marchands et mènent un convoi de charrettes chargées de barriques dans lesquelles ont pris place des chevaliers en armes. C’est ainsi que le charroi pénètre dans la ville, dont le héros s’empare.

La prise d’Orange

La Prise d’Orange associe la conquête de la femme (la belle Sarrasine Orable) à la conquête de la ville.

Au printemps, Guillaume, d’une fenêtre de son château de Nîmes, est sensible au renouveau de la nature et déplore le manque de jeunes filles ; survient alors un prisonnier chrétien, échappé de la prison d’Orange. Celui-ci lui vanter les richesses de la ville d’Orange, et surtout la beauté d’Orable, sa souveraine. La mélancolie de Guillaume est aussitôt surmontée : un nouvel exploit s’offre à lui, qui lui procurera son patronyme définitif de Guillaume d’Orange. Guillaume pénètre dans la ville sous un nouveau déguisement, se faisant passer pour un ambassadeur Sarrasin. Mais il est reconnu et doit se réfugier avec ses deux compagnons dans la tour de Gloriette, le palais d’Orable. Ils y mènent une résistance acharnée et pleine d’humour. Jetés en prison, ils sont délivrés par Orable, amoureuse du héros. Un messager est envoyé à Nîmes par un passage souterrain : il reviendra avec un corps de troupe qui mettra en fuite les païens. À la fin de la chanson, Orable se convertit au christianisme en prenant le nom de Guibourc, et épouse Guillaume.

Chevalerie Vivien

Notre héros, désormais installé dans son fief, n’a plus qu’à attendre de pied ferme un nouvel assaut des Sarrasins, désireux de reprendre « leurs » villes. C’est ce qui se passe dans La Chevalerie Vivien et Aliscans. La bataille de l’Archant – ou des Aliscans – est une défaite glorieuse rachetée par une victoire décisive.

Guillaume arme son neveu Vivien chevalier. Celui-ci prononce alors le serment solennel de ne jamais reculer d’un pied devant les Sarrasins. Puis il part pour l’Espagne, terre traditionnelle de conquête pour les chevaliers chrétiens, où conquiert des villes. Par provocation, il envoie même au roi Déramé, émir de Cordoue, cinq cents sarrasins auxquels il a crevé les yeux. L’émir s’embarque et rencontre l’armée de Vivien à l’Archant. Ainsi, dans cette chanson, Vivien est bien le responsable de la catastrophe qui commence et qui se poursuivra dans Aliscans.

Aliscans

Enluminure du XIIIe siècle de la chanson des Aliscans

De même que La Chanson de Guillaume, indépendante du cycle proprement dit, la chanson des Aliscans raconte la poursuite de bataille de l’Archant. L’œuvre gravite autour de trois héros : Guillaume, son neveu Vivien, ainsi que Rainouart, un géant maniant avec autant de férocité que de cocasserie une arme de fortune, son tinel (un tronc d’arbre).

Le bataille fait rage aux Aliscans, et Vivien se déchaîne, tandis que son oncle Guillaume combat dans un autre secteur du champ de bataille. Vivien est grièvement blessé, mais Guillaume arrive à temps pour le faire communier avant de le voir mourir dans ses bras. Devant l’ampleur du désastre, notre héros décide d’aller chercher des renforts. À Orange, Guibourc lui conseille de s’adresser au roi Louis. Guillaume traverse donc la France et trouve le roi à Laon. D’abord mal accueilli, il finit néanmoins par obtenir les secours souhaités. Pendant le banquet, il remarque un jeune homme de taille gigantesque, d’origine sarrasine, qui est employé aux cuisines : Rainouart. Il terrifie tout le monde par sa brutalité et surtout par l’usage immodéré qu’il fait de son tinel, une perche de bois de la dimension d’un tronc d’arbre avec laquelle il transporte des seaux sur ses épaules. Guillaume obtient de l’emmener avec lui. L’armée royale, menée par Guillaume, arrive aux Aliscans : commence alors la seconde bataille des Aliscans, qui s’achèvera, grâce à Rainouart et à d’autres, en victoire pour les chrétiens. Mais Déramé, en déroute, parvient à s’échapper sur ses navires.

Le moniage Rainouart

Le héros au tinel, désespérant du monde, se fait moine à Brioude et vit des rapports assez conflictuels avec ses coreligionnaires.

Imaginez un géant au grand cœur, mais d’un tempérament vif et un peu sot, dont l’amour pour Dieu est inséparable d’une joie féroce de carnage… De toute la sincérité de son âme, il fait vœu de devenir moine, mais les moyens pour y parvenir sont quelque peu expéditifs. Car voilà : Rainouart ne connaissait pas le proverbe, et pour lui, l’habit fait bien le moine !

Le moniage Guillaume

Un guerrier devenu ermite…

Guibourc est morte. Guillaume décide d’expier sa vie de pécheur et de devenir moine dans une abbaye, à Aniane. Mais son entrée en religion est pour le moins difficile ! Notre bouillant héros a du mal à se plier à la vie en communauté. Ses habitudes de guerrier déconcertent, et les moines vont jusqu’à méditer de l’exposer à la mort en lui faisant traverser un bois infesté de brigands. La vie conventuelle ne lui convenant guère, Guillaume s’efforcera par la suite de créer un ermitage personnel, à quelques kilomètres d’Aniane, dans un lieu désert et dangereux.

Nous voyons cependant alterner dans la chanson les épisodes religieux et les épisodes guerriers, tant il est difficile pour notre héros d’abandonner son ancien mode de vie. C’est ainsi, en particulier, qu’il libère la ville de Paris, assiégée par le géant païen Ysoré. Guillaume trouve ainsi l’occasion de doter une rue de la capitale d’un nom qui peut apparaître bien mystérieux aux promeneurs d’aujourd’hui : la rue de la Tombe-Issoire (déformation de « tombe d’Ysoré »).

Un ultime épisode verra Guillaume retourner à son ermitage et combattre le diable en personne, sur un petit pont bâti sur l’Hérault, que l’on peut toujours admirer en se rendant à Saint-Guilhem-le-Désert.

Guillaume d’Orange vainc le géant Isoré, fresque de la Tour Ferrande à Pernes-les-Fontaines, XIIIe siècle